Histoire des forêts en France et en Europe


SOMMAIRE de la page

Histoire des forêts

► Chronologie succincte : quelques repères sur l'impact de la présence humaine dans les forêts de France et d'Europe de l'Ouest.

► La France et les politiques forestières:

- La France des baillis et de sénéchaux à partir de Philippe Auguste.

- Philippe Le Bel et l'ordonnance de Brunoy : les maîtres des Eaux et Forêts.

- Colbert et l'ordonnance de 1669

-

 

► Conférence sur L'histoire de la forêt européenne 1850 - 2050.

► L'arbre en Occident.

► La production de bois dans l'Aude (à venir)


► Repères chronologiques rapides

« Bûcheron », dans Heures à l’usage de Rome, 1475-1500. Paris, Bibliothèque Mazarine, Ms 502 f. 12. Source : Biblissima.

350.000000 : apparition des premières forêts sur la terre.

11.700 Fin de la dernière période de glaciation, les derniers chasseurs-cueilleurs vivent dans un environnement de steppes faiblement boisées. Élévation des températures et des arbres comme chênes, tilleuls, ormes et érables apparaissent. Disparition des mammouths et bisons au profit des cerfs et sangliers en France et Europe de l'Ouest.

Environ 9000 ans, les premières populations sédentaires venues du Moyen-Orient se sont installées sur le territoire actuel de la France avec leurs céréales, orge et blé, et leurs animaux d’élevage, moutons et chèvres. Leur mode de vie, fondé sur une économie d’agriculture et d’élevage, a changé profondément le visage de la forêt 

-5800 à 2500 avant JC, au Néolithique, déforestations liées à l'implantation de groupes humains et de leurs activités (agricoles, domestiques avec élaboration d'outils et d'armes.

-1200 avant JC environ: ère celtique et âge du bronze, développement de la métallurgie.

-27 av. J.-C. et 476 apr.JC, Le déboisement s’est peu à peu intensifié au rythme de l’accroissement démographique, jusqu’à devenir très soutenu dans la Gaule antique. L’image du pays d’Astérix couvert d’immenses forêts pluriséculaires, encore prégnante à la fin du XXe siècle, se trouve sérieusement mise à mal! l'Empire romain est très consommateur de ressources en bois qui devient une valeur marchande.

476 après JC, la chute de l'Empire romain provoque un effondrement de la démographie et permet à la forêt de se reconstituer.

• Peu avant l'An mil, nouvelle phase d'exploitation car un adoucissement général des températures et une relative stabilisation politique entraînent alors un renouveau économique et démographique important. L’exploitation de la forêt reprend à un rythme soutenu de façon organisée et systématique. Les nouveaux propriétaires forestiers, c’est-à-dire la maison royale, les seigneurs féodaux et les ecclésiastiques, font preuve d’une gestion rigoureuse de leurs ressources.

1219 : Philippe-Auguste crée les maîtrises des eaux et forêts, en vue de préserver ses territoires de chasse. Les nouveaux agents du roi parviendront globalement à empêcher la surexploitation de la forêt par les usagers, sans réussir à anticiper un autre type de dégradations : abandonné à la voracité du grand gibier, qui raffole des jeunes pousses d’arbres, le domaine royal se retrouvera dévasté en quelques décennies !

XVIe et au XVIIe :  grandes crises d’approvisionnement car le bois fournit la principale énergie au développement économique des forges et des verreries, il doit soutenir les grandes ambitions navales et militaires de la France ainsi que les besoins domestiques d’une population en forte croissance

Par l’ordonnance d’août 1669, Colbert Colbert entreprend de réformer en profondeur l’administration des forêts. Il réglemente la gestion du bois dans l’ensemble du royaume. Professionnels de la forêt, organisation du travail, planification et répartition des abattages d’arbres, exclusion des animaux d’élevage… tout est prévu dans les moindres détails. L’ordonnance décrète, en outre, qu’un quart du territoire forestier doit être préservé pour fournir de grands arbres destinés à la construction. 

Au début du XIXe siècle, la situation est à nouveau préoccupante : dans les années 1820, la forêt ne couvre plus que 90 000 kilomètres carrés, soit 15 % du pays, contre environ 25 % à l’époque de l’ordonnance de Colbert.

Ecole forestière créée en 1824 à Nancy pour former un corps de cadres fonctionnaires chargé d’administrer les forêts domaniales.

Un nouveau code forestier est introduit en 1827, qui inaugure une intense période de reforestation. Ce sont les boisements massifs des Landes et de Sologne, mais aussi les reforestations dans le Nord, en Champagne ainsi que sur les reliefs, les montagnes n’ayant pas échappé aux défrichements et aux pâturages. La politique de restauration des terrains en montagne (RTM) doit faire barrage aux eaux de pluie qui déferlent sur des terres nues toujours plus érodées, provoquant des inondations catastrophiques.

Création de l’Office national des forêts  (ONF) en 1965-1966, le gouvernement de Georges Pompidou entend relancer une dynamique et offrir aux forêts publiques des moyens renforcés.

D'après les sites suivants:

https://lejournal.cnrs.fr/articles/dix-mille-ans-dhistoire-de-la-foret

et

https://www.onf.fr/vivre-la-foret/raconte-moi-la-foret/lhistoire-des-forets/+/1310::la-foret-francaise-lheritage-dune-gestion-forestiere-pluricentenaire.html

 


► La France et les politiques forestières


La France des baillis et sénéchaux à partir de Philippe-Auguste (1180-1223)

 

"Le premier souverain à laisser son nom au fronton de cette histoire est Philippe IV le Bel : en 1291, il édicte une ordonnance qui définit pour la première fois le rôle des maîtres des Eaux et Forêts, enquêteurs, inquisiteurs et réformateurs. Les fonctionnaires royaux prennent progressivement le pas sur les baillis seigneuriaux et les premières bases d'une administration dédiée sont posées.

En 1346, Philippe VI consolide le travail engagé avec la publication de l’ordonnance de Brunoy qui a pour objet d’organiser l’administration des forêts, des eaux et de la pêche. Son article IV, le plus célèbre, énonce : "Les Maîtres des Forêts enquerront et visiteront toutes les forêts et bois qui y sont et feront les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que lesdites forêts et bois se puissent perpétuellement soutenir en bon état."

Au cœur de la société féodale, les principes d’une gestion durable de la forêt sont affirmés ! Le texte retire définitivement toute compétence aux baillis seigneuriaux. L'ordonnance prescrit par ailleurs la généralisation des coupes réglées c'est-à-dire une planification des prélèvements. Le pouvoir royal se fait plus fort et plus centralisateur. Il unifie les règles, les pratiques et les droits d’usage."

Source : https://www.onf.fr/vivre-la-foret/raconte-moi-la-foret/lhistoire-des-forets/+/1310::la-foret-francaise-lheritage-dune-gestion-forestiere-pluricentenaire.html

 

 


Philippe IV le Bel et les maîtres des Eaux et Forêts

"[...] Philippe IV le Bel : en 1291, [...] édicte une ordonnance qui définit pour la première fois le rôle des maîtres des Eaux et Forêts, enquêteurs, inquisiteurs et réformateurs. Les fonctionnaires royaux prennent progressivement le pas sur les baillis seigneuriaux et les premières bases d'une administration dédiée sont posées.

En 1346, Philippe VI consolide le travail engagé avec la publication de l’ordonnance de Brunoy qui a pour objet d’organiser l’administration des forêts, des eaux et de la pêche. Son article IV, le plus célèbre, énonce : "Les Maîtres des Forêts enquerront et visiteront toutes les forêts et bois qui y sont et feront les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que lesdites forêts et bois se puissent perpétuellement soutenir en bon état."

Au cœur de la société féodale, les principes d’une gestion durable de la forêt sont affirmés ! Le texte retire définitivement toute compétence aux baillis seigneuriaux. L'ordonnance prescrit par ailleurs la généralisation des coupes réglées c'est-à-dire une planification des prélèvements. Le pouvoir royal se fait plus fort et plus centralisateur. Il unifie les règles, les pratiques et les droits d’usage."

Source https://www.onf.fr/vivre-la-foret/raconte-moi-la-foret/lhistoire-des-forets/+/1310::la-foret-francaise-lheritage-dune-gestion-forestiere-pluricentenaire.html

Source : Bûcherons coupant des arbres afin de construire une route, extrait des Chroniques de Hainaut. ©Getty - Ann Ronan Pictures/Print Collector

Pour aller plus loin 1 podcast de trois épisodes intitulé "Quand le Moyen Âge fait feu de tout bois" avec Andrée Corvol Dessert, historienne, directrice de recherche honoraire au CNRS, spécialiste de l’histoire des forêts, directrice du groupe "Histoire des forêts" et Sylvie Bepoix, enseignante en histoire médiévale à l’Université de Franche-Comté, chercheuse au laboratoire Chrono-environnement   sur France Culture :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco/la-foret-medievale-comme-espace-economique-7961240

 

Source illustration ci-contre à gauche : Novembre dans "Les Très Riches Heures du duc de Berry", Frères de Limbourg, Barthélemy d'Eyck, Jean Colombe, 1413 ©Getty - Buyenlarge/Getty Images


Illustration Les 16 départements des Maîtres des Eaux et Forêts (Édit de 1689)  : Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Colbert et l'ordonnance de 1669

[...C]'"est sans aucun doute Colbert, [...] qui reste le grand réformateur de l’Administration forestière en cette fin de la Renaissance. Nommé contrôleur général des Finances en 1661, Colbert s’intéresse très rapidement à la forêt et à ses ressources.

L’homme, qui a la confiance de Louis XIV, a un double objectif : rétablir les finances du roi et réorganiser la gestion des forêts pour permettre au pays de produire le bois nécessaire à la construction d’une marine puissante susceptible de rivaliser avec les flottes anglaises et hollandaises. Pour ce faire, il place les forêts dans son giron, lance un inventaire général des forêts royales et persuade Louis XIV de procéder à une grande réorganisation des Eaux et Forêts.

L'ordonnance que signe le roi Soleil, en 1669, est le point d'orgue de cette politique : le pouvoir royal y est réaffirmé, l’Administration forestière est renforcée, les méthodes d’exploitation sylvicoles sont précisées. Il est fait obligation aux communautés ecclésiastiques, propriétaires d'un patrimoine foncier étendu, de gérer un quart de leur surface forestière en futaie afin d’anticiper les besoins en bois à venir.

L’ordonnance de 1669 demeurera en vigueur pendant un siècle et demi et inspirera fortement le Code forestier de 1827 qui, sous une forme amendée, existe toujours à l'heure actuelle."

 


1827, le Code forestier

"Lors de sa promulgation, en 1827, le Code forestier affiche sans détour son ambition : permettre à l’Etat de "reconstituer et protéger le patrimoine forestier national". Trois catégories de forêts sont distinguées :

  • les forêts domaniales (anciennes forêts royales),
  • les bois communaux?
  • et les forêts privées.

Un corps de fonctionnaires - dont les cadres seront formés dans une Ecole forestière créée en 1824 à Nancy - est chargé d’administrer les forêts domaniales. Les bois communaux sont placés sous la tutelle de l’Administration et sont soumis au Régime forestier dès lors qu’ils sont "susceptibles d’aménagement ou d’exploitation régulière". Sur le plan sylvicole, le Code forestier accompagne la conversion progressive des taillis en futaies.

La création de l’Ecole forestière de Nancy et la promulgation du code forestier constituent le socle sur lequel s’appuie un développement forestier remarquable tout au long du XIXe siècle, poursuivi jusqu’en 1914. Forêts domaniales et forêts des collectivités sont gérées par l’Administration forestière.[...]"

Source : https://www.onf.fr/vivre-la-foret/raconte-moi-la-foret/lhistoire-des-forets/+/1310::la-foret-francaise-lheritage-dune-gestion-forestiere-pluricentenaire.html

 


► Conférence sur L'histoire de la forêt européenne 1850 - 2050 

Vidéo INGE /diffusée le 23 mars 2022 / avec Andrée Corvol Dessert Directrice de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), professeure associée à l’Université de Paris-Sorbonne et membre de l’Académie d’Agriculture de France. Durée 01:30:00

https://www.youtube.com/watch?v=MeHQMd35Uvk&t=225s


► Livre :  "L'arbre en Occident" Andrée Corvol Dessert

"L’arbre grandit et grossit, dépérit, brûle ou casse (on l’a encore constaté en janvier 2009 dans le Sud-Ouest de la France). Ces phénomènes reflètent le nombre des années ou la colère des cieux. Voilà 400 millions d’années qu’il démontre ses capacités évolutives. Il connaît le sort de tous les vivants : l’éloignement des anciens conditionne le développement des jeunes – leçon de tout temps difficile à admettre. Mais si les individus meurent, l’espèce demeure.
Sans conteste, l’arbre est un objet d’histoire fascinant. Cette histoire-là, trop mal connue du public, réserve des surprises innombrables et est souvent plus prenante que celle de beaucoup de personnes ou de collectivités humaines."

https://www.fayard.fr/livre/larbre-en-occident-9782213643083/



Créez votre propre site internet avec Webador